Journal des Futurs #122 – Un G7 dans la tourmente : entre politiques internes et désordre international, par Patrick Zimmermann

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Le sommet du G7 qui se tient jusqu’au 15 juin en Italie, plus précisément à Borgo Egnazia dans la région des Pouilles, s’est ouvert hier. Ce sommet est devenu somme toute un élément important de l’architecture de sécurité mondiale dont les démocraties fondées sur l’État de droit se sont emparées. Le G7 conserve néanmoins ses ambitions dans le domaine économique et en matière de relations avec les pays en développement.

Au-delà des considérations politiques liées aux élections européennes et qui ont un peu modifié les équilibres internes d’influence ou de force, il est intéressant d’en faire un rapide résumé.

À l’exception de Giorgia Meloni, il est à noter les difficultés politiques d’Emmanuel Macron, de Joe Biden aux États-Unis, d’Olaf Scholz en Allemagne, et enfin de Rishi Sunak au Royaume-Uni. C’est donc un sommet quelque peu inhabituel qui se déroule. L’Union européenne est, quant à elle, représentée par le président du Conseil Européen, Charles Michel, et la présidente de la Commission Européenne, Ursula von der Leyen, tous deux en fin de mandat.

L’ordre du jour est le suivant :

  • Le développement de l’Afrique entre changement climatique, influence russe et chinoise et sécurité alimentaire.
  • La situation au Moyen-Orient.
  • Le conflit Russo-Ukrainien.
  • Les migrations qui impactent notamment l’Union européenne, tant en matière sécuritaire que politique, mais aussi l’ensemble de la Méditerranée sur le plan inter domaines.
  • La région Indopacifique. 
  • L’intelligence artificielle.
  • L’énergie.

Sur le plan de l’architecture de sécurité et plus précisément sur le conflit Russo-Ukrainien, les dirigeants du G7 ont décidé d’octroyer à l’Ukraine 50 milliards de dollars, payés par les intérêts futurs des avoirs russes bloqués. Ceci est une avancée significative car les États européens étaient plutôt réticents jusqu’en février dernier. Nul doute que le Kremlin prendra des mesures de rétorsion similaires sur les avoirs occidentaux en Russie. 

La question des effets de ces ponctions réciproques sera à observer. Il convient de se souvenir que les avoirs russes en Occident pourraient représenter 285 milliards de dollars (source BBC)[1].

Par ailleurs, les États-Unis et l’Ukraine ont signé un accord bilatéral de sécurité d’une durée de dix ans. Si l’on pense en filigrane à l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN, le chemin semble encore très long. Concrètement, l’Ukraine pourrait accéder au statut d’observateur au Conseil de l’Atlantique Nord, tout comme l’ont fait la Suède et la Finlande avant leur adhésion. L’expertise de l’Ukraine en matière de guerre contre la Russie, notamment en matière d’adaptation aux technologies duales et à la mobilité comme dans le domaine de la 3ème dimension et de la désinformation sera sans nul doute intéressante pour l’OTAN.

Enfin, une série de nouvelles sanctions à l’encontre de la Russie devraient l’isoler davantage encore du système financier mondial. La dernière série de sanctions du Trésor américain visait des aspects essentiels de l’infrastructure financière de la Russie. La Banque centrale et la bourse russes ont interrompu leurs transactions en dollars et en euros, provoquant des soubresauts notables sur les marchés financiers russes. Les banques qui effectuent encore des transactions avec des entités russes dans des pays tels que la Chine et l’Inde sont exposées au risque de sanctions secondaires. Les entreprises de ces pays en affaire avec la Russie devraient normalement en pâtir.

C’est donc une stratégie systémique que le G7 s’emploie à développer complétant, ou remplaçant selon les avis, le rôle de l’ONU. Puisque la stratégie militaire, seule, ne suffit pas, la stratégie économique et géopolitique est en action. 

Sur le plan des équipements militaires et de la reconstruction de l’Ukraine, gageons que ces 50 milliards de dollars puissent être équitablement répartis entre les acteurs. Sur le plan de l’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN comme à l’Europe, les conditions essentielles ne semblent pas encore être réunies. 

Enfin, sur le plan financier, un écueil semble toutefois apparaitre et nécessitera certainement des études systémiques sur leurs impacts géopolitiques. Il s’agit tout simplement de l’attitude et des réactions Chinoises et Indiennes qui, pour l’heure, bénéficient des effets de bord de ce conflit. 

Amiral (2S) Patrick Zimmermann

Délégué général adjoint de Synopia


[1] https://www.bbc.com/afrique/articles/c51dle26qqdo#:~:text=Sur%20les%20285%20milliards%20de,trouve%20sur%20des%20comptes%20europ%C3%A9ens.

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