Merci à tous nos intervenants et partenaires !

Grâce à nos membres, nos participants et nos partenaires, cette deuxième édition du Forum du Numérique à Lille, le 16 mai 2024, a atteint ses objectifs.

Synthèse Forum de numérique 2024

Souveraineté numérique européenne : quel équilibre entre compétition et coopération ?

A lui tout seul, ce titre évoque bien la problématique à laquelle nous expose la révolution numérique dont nous pressentons à travers sa dynamique et ses effets qu’elle n’en est qu’à ses débuts.

Pour l’Union européenne, comme pour le reste du monde, la souveraineté est une chimère. Aucun continent, aucun pays, ni aucun bloc politique ne peut s’affranchir de liens d’interdépendance avec les autres. C’est « simplement » une question de « réglage du curseur » entre domination (toujours partielle) et soumission (jamais totale), de puissance ou dépendance financière, d’accès aux ressources, de capacité à innover, de degré de perméabilité des barrières (technologiques et normatives) et de cadre politique (État de droit ou régime autoritaire). Sujet géopolitique par excellence, le numérique se place sur le même rang stratégique que l’énergie, la défense, la santé ou l’alimentation.

Dans ce domaine comme sur les autres, l’Europe – qui part de loin mais a enfin décidé de rattraper son retard – doit chercher à tendre vers la meilleure autonomie stratégique possible.

Mais sur le numérique, le sujet reste particulièrement ardu, car si nous pouvons tous comprendre le fonctionnement d’un moteur à explosion ou d’une dynamo, peu nombreux sont ceux qui, en Europe, notamment dans les sphères politiques et décisionnelles, appréhendent vraiment le numérique dans son ensemble et sa multitude de défis (hard, soft, (big)data, codage, câbles, réseaux, 5G, cloud, algorithmes, IA, quantique, etc.). Complexité accrue par la vitesse des changements, des innovations et des ruptures. Mais comment s’en étonner ? À l’époque de Thomas Edison, notre planète comptait moins de 2 milliards d’habitants et les ingénieurs travaillant sur la Fée électricité n’étaient qu’une poignée. Aujourd’hui, nous sommes plus de 8 milliards sur Terre à être tous connectés, l’économie du numérique emploie des dizaines de millions de personnes et chaque année, des centaines de milliers de brevets sont déposés.

De surcroît, le numérique traverse tous les champs des activités et des vies humaines, au point d’être devenu un instrument majeur de rivalité géopolitique et de domination économique. Il constitue un « univers parallèle » au monde réel, avec ses règles (ou l’absence de) et ses monnaies.

Dans cet univers mondialisé et financiarisé, la compétition fait rage. Depuis le début des années 1980, c’est elle qui a façonné notre monde et les grands acteurs qui l’ont compris, les USA et la Chine en tête, se livrent une bataille féroce dans laquelle l’Union européenne joue un rôle mineur et a vu une partie substantielle de sa richesse captée par ses rivaux politiques et les champions du secteur (GAFAM, BATX, etc.).

Pour autant, et c’est l’un des enseignements de notre deuxième Forum du numérique, le chemin de la compétition pure, en particulier entre les USA et l’Europe, touche ses limites. Moins angélique ou naïve qu’il n’y paraissait lorsque nous l’évoquions au sein de Synopia à l’automne dernier, l’idée de coopération au sein d’un « Occident du numérique » commence à faire sens. 

S’il n’est pas ici question de restituer la richesse des échanges de notre Forum, trois points méritent attention : la data, la sécurité et l’information. 

Pour le premier, la data et son exploitation commerciale à grande échelle, l’Union européenne tente de rééquilibrer le rapport de force par la norme. La donnée, c’est pas donné, estime maintenant l’UE, même si sa gratuité a permis le développement d’Internet. « Si c’est gratuit, c’est que vous êtes le produit » avait d’ailleurs observé avec justesse Bruce Willis. Certes, mais il fallait bien trouver les moyens nécessaires au financement de cette extraordinaire création technologique. 

L’Europe ayant compris beaucoup trop tard l’enjeu de la data, les rêves de grandeur lui sont interdits. Toutefois, rien n’est définitivement perdu car s’il veulent continuer à assurer leur leadership, les Américains auront besoin de toutes les compétences face à la Chine et, dans une moindre mesure, à l’Asie. Or, sur notre « vieux » Continent, la créativité numérique bat son plein.

Le terrain de l’innovation peut offrir à l’Europe la possibilité de jouer « gagnant gagnant » avec les Américains. Mais pour cela, il faudra que l’Union européenne trouve le bon équilibre normatif (point trop n’en faut !) et mette au point des outils de financement performants et adaptés à l’innovation à haute fréquence. Sans quoi, l’excès de normes et l’insuffisance de moyens contraindront les plus inventifs à s’installer en Angleterre ou aux USA. Les dirigeants de l’Union européenne doivent penser à long terme et bien réfléchir à « l’effet final recherché » de leur politique. Faire ensemble pour être plus fort ensemble suppose également que les Américains cessent de systématiquement diviser pour mieux régner. Pour la data, les cinq prochaines années seront déterminantes.

Sur l’enjeu de sécurité, nos intérêts sont encore plus liés car de part et d’autre de l’Atlantique, personne n’échappe à la cyber criminalité. Nos ennemis sont les mêmes : des petits escrocs, des groupes criminels organisés et souvent mafieux, et des États. Les trois étant souvent imbriqués, à l’instar des poupées russes.

Y faire face de front n’est plus une option. Dans ce domaine, pour mieux se défendre, et même s’il sera toujours question de compétition économique et politique entre alliés, Américains et Européens devront renforcer leur coopération dans cinq directions : renseignement, police, justice, armées et innovation.

L’information, enfin. Nous avons longtemps constaté que le détenteur de l’information avait le pouvoir. De nos jours, alors que « nos cerveaux sont devenus l’ultime champ de bataille » (formule de l’OTAN), celui qui fabrique l’information et la propage mène le bal.

Depuis le scandale de Cambridge Analytica (manipulation des opinions qui ont favorisé le Brexit et l’élection de Donald Trump), force est de constater qu’avec le déclenchement du conflit en Ukraine, la guerre informationnelle est entrée dans une ère de haute intensité. Elle vise à saturer nos consciences et à fragmenter encore davantage nos populations. Tous les coups sont désormais permis pour déstabiliser l’Occident de l’intérieur, le faire douter de ses propres valeurs, le paralyser, l’isoler, l’affaiblir et discréditer le modèle démocratique aux yeux des 90 % de non Occidentaux que compte l’humanité.

Pour l’Occident, il s’agit d’une guerre existentielle pour ne pas dire civilisationnelle. Pour la gagner sans perdre notre âme, c’est-à-dire sans faire usage des mêmes armes que nos ennemis (propagation de fake news à l’échelle industrielle, campagnes de déstabilisation, manipulations de masse, instrumentalisation des minorités, etc.), et sans risquer de remettre en cause les fondements de l’État de droit, les USA et l’UE doivent agir de concert et renforcer leur esprit de coopération, à tous les niveaux. Encore faut-il qu’un certain alignement des planètes au sein du monde démocratique le permette. Hélas, au vu des fossés qui séparent sur le fond, mais aussi pour des raisons électoralistes, les différentes formations politiques françaises, européennes et américaines, un tel alignement est loin d’être assuré et il y a de quoi s’en alarmer.

Par chance, les dirigeants des états démocratiques ne sont plus les seuls maîtres de nos destins, en particulier dans le numérique. La plupart des acteurs « alliés » du numérique connaissent les risques et les enjeux à terme de la partie mondiale qui se joue. Parce qu’il en va de leur intérêt (leadership, autonomie, interdépendance, survie), parce qu’ils prennent la mesure des effets boomerang d’une compétition dont la principale finalité reste le profit (normes, sanctions, démantèlement, boycott) mais aussi parce qu’ils voient ce qui se passe en dehors du « monde libre », ces acteurs inventeront les chemins de coopération nécessaires à leur subsistance, et donc à la nôtre. Comme toujours, pour durer, tout est une question d’équilibre et de… coopération.

Alexandre Malafaye,
Président Synopia

La journée en chiffres :

 MERCI À TOUS NOS INTERVENANTS ET PARTENAIRES pour cette journée formidable ! 

Grâce à eux, à nos membres et aux participants, nous avons atteint tous les objectifs de cette 2ème édition du FORUM DU NUMÉRIQUE, le 16 mai 2024, à Lille à l’École du numérique. 

LE FORUM DU NUMÉRIQUE en résumé :

 1 QUESTION –  Souveraineté numérique européenne : Quel équilibre entre compétition et coopérations ?

 4 TABLES RONDES proposées au cours de la journée, avec des témoignages inspirants et des vrais partages d’expérience :  

 2 GRANDS TEMOINS, marraine et parrain de l’évènement : Madame la Députée Anne Le Hénanff et l’Amiral (2S) Arnaud Coustillière.

 30 INTERVENANTS et experts de GRANDE QUALITÉ. 

 100 PARTICIPANTS en présentiel tout au long de la journée.

 1 SOUTIEN et ENGAGEMENT déterminants de nos GRANDS PARTENAIRES :  

 Ainsi que les 20 autres PARTENAIRES entreprises, publics, associatifs et académiques.

 1 ANIMATEUR de talent Thierry Fouquet et le soutien sans faille de M la Constellation.

 5 LABS mis à disposition pour faire découvrir les travauxrecherches et innovations des enseignants-chercheurs de l’École du numérique.

 1 ÉQUIPE SYNOPIA de choc : Alexandre Malafaye, Laura Schaub, Joséphine Staron, Bernard Vanneste, Patrick Zimmermann, et nos stagiaires Killian Debar et Marc Ollivier.

Le déroulé de la journée :

9h30 – 9h45 : Ouverture du Forum du Numérique par Patrick Scauflaire, Président-Recteur de l’Université catholique de Lille, Jalal Possik, Directeur de l’École du Numérique, et Alexandre Malafaye, Président de Synopia. 

9h45 – 10h00 : Présentation des travaux de Synopia avec Joséphine Staron, Directrice des Études et des Relations Internationales de Synopia et Patrick Zimmermann, Amiral (2S), Délégué adjoint de Synopia.

10h00 – 10h30 : Grand témoin : Anne Le Hénanff, Députée du Morbihan, Membre de la commission de la Défense.

10h30 – 11h30 : Table ronde #1 « Infrastructures numériques européennes »
Réseau et stockage : entre rapports de force et coopérations, quels modèles de développement et de financement encourager ?

11h30 – 12h30 : Table ronde #2 « Innovation »
Comment et avec qui l’Europe peut-elle maitriser son destin numérique ?

12h30 – 14h00 : Pause déjeuner offerte par l’Université Catholique de Lille. 
Lors du déjeuner, plusieurs visites des 5 LABS de l’École du Numérique ont été organisées (XR Lab, Data Lab, IA Lab, Maker Lab, Cyber Lab).

14h00 – 14h30 : Grand témoin : Amiral (2S) Arnaud Coustillière, parrain de l’évènement et Président du Pôle Excellence Cyber.

14h30 -15h45 : Table ronde #3 « Cognitif »
Quand nos cerveaux deviennent l’ultime champ de bataille, comment nos démocraties peuvent-elles se protéger ?

15h45 – 17h00 : Table ronde #4 « Cyber et sécurité »
Comment renforcer la sécurité numérique dans le cadre de l‘état de droit ?

17h00 – 18h00 : le mot de la fin par Alexandre Malafaye, Président de Synopia et Sophie Cavillon, Doyenne de la Faculté Gestion Économie et Sciences (FGES) – Université Catholique de Lille.

La journée fut animée par Thierry Fouquet.

La journée en image :