Synopia prends acte et se réjouit de l’intention du Président de la République de mettre en place un « Conseil national de la Refondation » à l’issue des élections législatives. En effet, le 21 décembre 2021, Synopia lançait un appel en faveur d’un « Conseil national de la Reconstruction », publié dans les colonnes du journal Marianne. L’objectif du CNR était selon nous de définir une vision stratégique multidomaines de long terme, qui prenne en compte l’intérêt général du pays et de nos concitoyens, et qui se tienne à distance des arrière-pensées politicienne ou corporatiste.
Nous nous réjouissons donc d’une telle initiative de nature à créer les conditions d’une véritable fabrique du consentement et de l’adhésion autour des grands enjeux de transformation de notre pays et de l’Europe. Mais pour réussir, la méthode de mise en œuvre sera essentielle. Nous espérons que ce CNR associera une grande diversité d’acteurs, notamment les principaux partis politiques, les organisations syndicales de salariés et d’employeurs représentatives, des représentants de la société civile, dont les think tanks.
Afin de réussir cet exercice périlleux, il conviendra de tirer les leçons des différentes expériences démocratiques louables menées au cours du précédent quinquennat, que ce soit dans le cadre du « Grand débat » ou de la « Convention citoyenne pour le climat » organisée au CESE. Il serait également judicieux de s’appuyer sur le contenu des fameuses « doléances » recueillies en parallèle du Grand débat. Nous avons bien sûr entendu les critiques qui ont fusé de toutes parts depuis l’annonce faite par le Président de République de créer un CNR.
Pour les uns, la démocratie représentative et ses différents organes se suffisent à eux-mêmes. Pour les autres, il s’agit d’un énième gadget dont le Président aurait le secret. Pire, certains y voient une dangereuse remise en cause de la légitimité du verdict des urnes et des élus. Surtout, ne rien faire. A les en croire, il faudrait s’inspirer du petit père Queuille et sa célèbre formule : « Il n’est pas de problème dont une absence de solution ne finisse par venir à bout. » Mais si tout allait bien, justement, si la démocratie fonctionnait si bien, si la confiance était le maître mot qui relie les Français les uns aux autres et à la Nation, en serions-nous là, avec un pays si divisé et défiant, si démobilisé et si inquiet ? Nous entendons aussi les voix de ceux qui refusent toute comparaison avec l’époque du premier CNR et la nôtre. Certes, nous ne sortons pas d’une terrible guerre.
Toutefois, avec un minimum de lucidité, nous pouvons admettre que la situation de la France en 2022 n’est guère brillante. Par-delà ses fractures, la défiance de notre pays envers les gouvernants et la parole publique est un niveau proche du paroxystique. Le niveau d’endettement et celui des prélèvements sociaux et fiscaux réduisent de façon drastique les marges de manœuvre de l’action gouvernementale. Et la hausse des taux d’intérêt ne va rien arranger. Le tout dans un contexte géopolitique qui n’a pas été si complexe et dangereux depuis bien longtemps. Alors oui, il est urgent d’innover sur le plan démocratique ! Il faut inventer de nouvelles façons de gouverner, de faire avancer les grands projets et de fabriquer du consentement, de l’adhésion, de la confiance. Car pour vraiment bien faire, il va falloir enfin agir en profondeur et de façon systémique. C’est à une véritable reconstruction ou refondation qu’il faut s’atteler sans plus tarder, en la menant avec les Français. Prenons donc le risque de donner la chance à ce futur CNR ! Notre avenir le mérite. Il sera toujours temps de le critiquer si ses résultats ne sont pas à la hauteur.