Retrouvez cet article de Benjamin Grange, Président de Dentsu Consulting, partenaire de Synopia, sur le site de l’Opinion via ce lien.
Compétitivité, innovation, optimisation des processus… autant d’objectifs poursuivis par les plans de transformation numérique qui se succèdent dans les entreprises depuis une décennie. Plus de 10 000 ouvrages ont été publiés sur le sujet et près de 62 000 000 mentions recensées par Google. Pourtant, malgré la détermination des entreprises, la tâche est loin d’être terminée !
C’est même une course sans fin pour éviter d’être distancé par le rythme des évolutions technologiques : 3G, ADSL, peer-to-peer, RFID, VoIP, GPS, Smartphone, Cloud, IOT, IA, Blockchain, 4G… Là où l’on aurait pu penser que le rythme d’innovation allait se ralentir, c’est tout le contraire qui s’est produit.
Et comme ce train de nouveauté est le plus souvent capté par des start-up en recherche incessante de propositions de valeur nouvelles, cela contraint inexorablement les entreprises à ne pas relâcher le rythme. Au fil du temps, cette transformation s’est ainsi installée comme un mouvement continu, là où par le passé elle était considérée comme un évènement ponctuel, assurant la liaison entre deux états stables de l’entreprise.
En complément, la technologie requiert aussi une vitesse d’action inhabituelle pour l’entreprise. Il faut savoir débrayer les contraintes sur ces activités nouvelles porteuses d’un renouveau et les élever au côté des activités historiques toujours rentables. Exercice d’équilibrisme pour concilier deux horizons de temps et d’impacts. En outre, cette profusion de technologie et leur rythme d’apparition, augmentent aussi la complexité avec laquelle il faut les appréhender : cette technologie est-elle la bonne ? A quel rythme va-t-elle mûrir ? Est-ce le bon moment pour investir massivement ? Les consommateurs sont-ils prêts à l’adopter ? Autant de questions qu’il faut savoir juguler pour le dirigeant qui veut transformer pro-activement son entreprise, dans un monde où l’incertitude est devenue la norme.
Capacité de décision. Heureusement, plus les choses deviennent complexes et imprévisibles, plus l’homme retrouve sa place par sa capacité de décision en environnement incertain. En effet l’intelligence artificielle touche ses limites lorsqu’il faut remplacer l’intuition humaine et l’expérience ! L’homme gouverne encore les algorithmes et pour longtemps. Mais la décision humaine étant faillible, le taux d’échec lié aux projets de transformation demeure élevé, presque 50 %. Mauvaise appréhension des enjeux, difficulté dans la conduite des projets, démarrage tardif, sous-estimation des moyens nécessaires, déficit de méthode, autant d’explications qui expliquent les déconvenues en fin de projet.
Au-delà de l’entreprise et de ses actionnaires, reste à savoir si le progrès technologique profitera égalitairement à tous les collaborateurs. Quel avenir pour ceux qui verront la technologie prendre leur activité. Car pour eux, le bonheur de pouvoir commander ses courses en ligne ou d’échanger sur les réseaux sociaux n’effacera pas la perte d’un emploi automatisé par la machine. La reconversion de ceux qui sont exclus ne doit pas freiner la montée en performance des entreprises, mais elle doit être gérée et anticipée. C’est tout autant un sujet d’inclusion numérique que de courage et d’anticipation pour l’ensemble des acteurs économiques.
Benjamin Grange, administrateur de l’ACSEL, administrateur du Think-tank #Culture_Numerique, Président de Dentsu Consulting et auteur de Le dirigeant et l’accélération numérique » (Editions Nouveaux Débats Publics)