Le sondage Ifop pour Synopia pointe un décalage important entre les attentes des Français en matière d’insécurité et les différentes positions des candidats. Si ces derniers apportent des réponses quantitatives et annoncent des créations de postes en cas d’élection, les électeurs eux demandent une approche plus globale pour résoudre un problème qu’ils jugent complexe.
Selon les résultats d’un récent sondage de l’Ifop pour Synopia, intitulé « Les Français et les enjeux de sécurité », la classe politique est largement pointée du doigt pour son manque de volonté sur cette question.
Évoquant les causes » multifactorielles » de l’insécurité, l’Ifop souligne que « 90 % des Français considèrent que le refus de la classe politique de regarder la réalité en face et son manque de volonté pour régler les problèmes sont une cause majeure des problèmes de sécurité du pays ».
Viennent ensuite les incivilités, les insécurités quotidiennes, et l’incivisme.
« Finalement, ce qui sert d’exécutoire au front national (intégration, communautarisme, flux migratoires, Schengen) arrivent en queue de peloton. Ces résultats témoignent d’une absence de clivages politiques et d’une homogénéité sur la grande majorité des thématiques », observe l’Ifop.
Autre enseignement de cette enquête : seulement 17 % des Français sollicité disent ne pas se sentir en insécurité.
« Les français souffrent autant de l’insécurité quotidienne (30%) que du terrorisme (33%). Tandis que les femmes, les jeunes et les provinciaux craignent davantage la menace terroriste », notent aussi les auteurs du sondage.
Atlantico : Les candidats à la présidentielle font-ils le même diagnostic que les Français sur les problèmes d’insécurité ?
Jérôme Fourquet : Ce que ce sondage montre avant tout c’est que les Français ne se contentent pas de réponses quantitatives aux problèmes d’insécurité. Les électeurs attendent à la fois un diagnostic et une détermination. 71% des Français pensent d’ailleurs que le « refus de voir la réalité en face » des responsables politiques est une cause majeure des problèmes d’insécurité, et 54% pointent de même leur manque de volonté de les régler. L’annonce de création de milliers de postes dans la police et la gendarmerie ou la construction de nouvelles places de prison ne constituent en cela que des réponses partielles. Les Français ont bien compris que l’insécurité était un enjeu complexe, civilisationnel, aux racines diverses et ils attendent donc que les candidats portent un projet à la hauteur de cette dimension.
Ainsi le chômage des jeunes, l’incivilité et le manque de civisme de certains citoyens perçue comme grandissante fait partie de leur diagnostic. Et il en va de même pour la courtoisie qui est une qualité perçue là aussi en voie de disparition, tout comme la transmission des valeurs et du savoir être dans la cellule familiale… Toutes ces causes seraient selon eux de nature générer de l’insécurité avec au bout de la chaîne le développement de zones de non-droit. Une boîte à outil toute faite ne semble en cela pas crédible pour résoudre les problèmes d’insécurité des Français. A ce titre, on peut penser que les candidats d’extrême gauche, à l’instar de Philippe Poutou qui propose de désarmer les policiers sont éloignés de ce qu’attendent les Français.