Article publié le 28 mars 2017 sur le figaro.fr, rédigé par Marc de Boni.
Deux études montrent qu’à tout juste un mois du premier tour de la présidentielle les électeurs ne savent plus sur quel pied danser. Le soutien à la pleine reconnaissance du vote blanc atteint des sommets.
De mémoire de politique comme de citoyen, on n’a pas vu une campagne présidentielle aussi riche en surprises depuis longtemps. À tel point que les électeurs ne savent plus sur quel pied danser comme l’indiquent deux études parues ce mardi 28 mars. Voyant un nombre important de candidats successivement écartés de la course et d’autres éclaboussés par les affaires beaucoup d’électeurs sombrent dans le doute, voire dans le rejet du personnel politique. À un mois du premier tour scrutin, une étude Ifop réalisée pour le think-tank Synopia, et diffusée dans l’Opinion, montre que 40% des personnes interrogées souhaiteraient voter blanc si elles en avaient la possibilité. La matérialisation en sondage du phénomène «dégagiste» régulièrement évoqué par Jean-Luc Mélenchon notamment.
Le vote blanc connaît donc une spectaculaire progression, puisque seules 26% des personnes interrogées déclaraient vouloir y recourir en 2014. À noter que l’étude précise que les gens feraient le choix du vote blanc si ce dernier était pleinement intégré au mode de scrutin, à savoir «pris en compte en tant que suffrage exprimé avec une capacité de rejet de l’élection et des candidats au-delà d’un certain seuil». Si l’on compare avec les intentions de vote dont bénéficient actuellement les favoris (autour de 25% pour Marine Le Pen au premier tour, NDLR), c’est donc une volonté de renouvellement de l’offre politique qui domine largement le scrutin.
Au rejet s’ajoute le doute
Conscients du phénomène, plusieurs candidats ont inscrit la reconnaissance du vote blanc à leur programme, comme Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon. Paradoxalement, ce sont les candidats anti-système qui pourraient pâtir d’une telle évolution. Au sein des électeurs de la France Insoumise, 44% déclarent qu’ils préféreraient voter blanc, de même que 35% des électeurs frontistes interrogés. Une pétition pour la reconnaissance du bulletin blanc a dépassé les 230.000 votes sur Internet, un soutien inédit selon Olivier Durand, qui milite pour sa reconnaissance. S’il est désormais comptabilisé distinctement du vote nul depuis l’évolution de la loi en février 2014 -pour lutter contre l’abstention notamment- le vote blanc n’a pour le moment aucun effet concret sur l’élection. À noter que sont considérés comme votes blancs les bulletins immaculés ou toute enveloppe glissée vide dans l’urne.
Autre corollaire de ces temps propices aux doutes, l’indécision. Selon un sondage Ipsos réalisé pour France Inter, seules 65% des personnes interrogées se disent certaines d’aller voter, alors que jamais la participation n’est descendue au-dessous des 70% pour une présidentielle. Par ailleurs, parmi les gens souhaitant aller voter, 4 électeurs sur 10 se disent indécis et susceptibles de changer leur choix au dernier moment. C’est le cas pour la moitié des potentiels soutiens de Benoît Hamon, ou d’Emmanuel Macron. À l’inverse, 4 électeurs sur 5 de Marine Le Pen et François Fillon, sont sûrs de leur choix. Cette étude vient compléter le tableau du désarroi manifeste de l’électorat en cette fin de campagne rocambolesque.
Retrouvez le sondage de l’IFOP commandé par Synopia en cliquant ici.