Article publié le 28 mars 2017 sur le Huffington Post, rédigé par Alexandre Boudet.
C’est une aspiration constante qui confirme une volonté de nouveauté dans la sphère politique. Les électeurs français sont favorables à une vraie reconnaissance du vote blanc. Alors qu’ils étaient 79% selon un sondage YouGov pour Le HuffPost en octobre 2016, ils sont désormais 86% selon une étude Ifop publiée ce mardi 28 mars par le think thank Synopia. Cela s’inscrit aussi dans un contexte où près de 250.000 internautes ont signé une pétition sur Change.org réclamant une telle reconnaissance.
Ces résultats montrent que l’avancée faite par une loi de 2014 n’est pas suffisante. Depuis cette date, les bulletins blanc sont comptabilisés indépendamment des bulletins nuls, comme c’était le cas auparavant. Mais ils restent en marge des bulletins exprimés qui permettent le classement des candidats. Exemple lors du second tour des régionales de décembre 2015. Les votes blancs avaient représenté 2,8% des voix, ce qui n’avait pas empêché le cumul des voix de gauche, de droite et d’extrême droite d’atteindre 100%.
Une véritable reconnaissance du vote blanc comme l’a souhaité le sénateur socialiste de l’Aude Roland Courteau dans une proposition de loi en 2014 permettrait d’inclure le bulletin blanc comme un vote exprimé au même titre qu’un candidat Les Républicains, socialiste, Front national, En marche ou La France insoumise.
Dans le sondage Ifop pour Synopia, on apprend que si ce vote blanc était en application, 40% des électeurs envisageraient de se porter sur ce suffrage, au détriment principalement de Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen. « Ces résultats ne sont pas simplement le fait d’un ras-le-bol lié à la campagne actuelle. Leur forte progression en trente mois, et la quasi-unanimité des Français sur le principe d’un vote blanc institué en véritable juge de paix démocratique traduit bien ce profond désir de renouveau et modernisation de la vie publique », estime Alexandre Malafaye, président de Synopia dans une tribune publiée sur Le HuffPost.
Cela ne semble pourtant pas la priorité des candidats à la présidentielle. Les trois qui sont le mieux placés pour succéder à François Hollande (Marine Le Pen, Emmanuel Macron et François Fillon) n’évoque pas cette perspective dans leur programme. Seuls Benoît Hamon et Jean-Luc Mélenchon en font des axes de leur 6e République. C’est le premier qui a été le plus clair sur le sujet.
En novembre dernier, le candidat socialiste a expliqué qu’il souhaitait la reconnaissance du vote blanc avec la conséquence suivante: si les bulletins blancs arrivent en tête du premier tour d’un scrutin, l’élection est annulée et elle doit être à nouveau organisée.
Jean-Luc Mélenchon n’apporte pas ce niveau de détail mais il place cette reconnaissance du vote blanc à côté de deux autres propositions: rendre le vote obligatoire et donner le droit de vote à 16 ans. Les deux candidats de gauche font le pari qu’en donnant une nouvelle carte dans le jeu des électeurs, ils redonneront du dynamisme à la démocratie.
Alexandre Malafaye propose pour sa part que l’élection soit annulée au-delà de 30% de bulletins blancs. « Les formations politiques disposent alors d’un délai de trois ou quatre mois pour s’organiser, revoir leurs programmes et présenter de nouveaux candidats. Pendant ce temps, un gouvernement technique est chargé de gérer les affaires courantes. Le Président sortant reste en poste, son mandat est prorogé jusqu’au prochain suffrage, mais ses pouvoirs sont limités aux domaines réservés (diplomatie et défense) », ajoute-t-il dans sa volonté de tester ce vote blanc sur la présidentielle.
Changer la constitution
Sans aller jusqu’à une telle extrémité, reconnaître le vote blanc pourrait avoir pour conséquence de donner la victoire à un candidat qui n’obtient pas 50% des voix au second tour. L’Opinion rappelle qu’en 1995, Jacques Chirac n’auraient obtenu que 49,5% des voix et François Hollande 48,6% en 2012. Pour contrecarrer ce problème constitutionnel, le sénateur Roland Courteau prévoit dans sa proposition de loi de « modifier l’article 7 de la Constitution, afin qu’au second tour de la présidentielle, le vainqueur puisse être élu à la majorité relative ».
Mais on ne trouve rien de tout cela chez Emmanuel Macron, François Fillon et Marine Le Pen. Pour « élargir la participation et moderniser l’image de la politique », le premier mise plutôt sur la généralisation du vote électronique à horizon 2012. L’ancien premier ministre n’évoque rien sur ce thème tandis que la candidate du FN se prononce pour la proportionnelle à toutes les élections. Une proposition qui ne résout bien sûr pas le problème de la présidentielle.
Retrouvez le sondage de l’IFOP commandé par Synopia en cliquant ici.