Et si, au lieu de choisir un candidat au premier tour de l’élection présidentielle, on les classait par ordre de préférence? La Fabrique Spinoza, qui se définit comme un » think-tank du bonheur citoyen « , a testé ce nouveau mode de scrutin, en partenariat avec l’IFOP, en demandant à un panel représentatif de 1.000 personnes de noter chacun des candidats à l’élection présidentielle sur une échelle de 0 à 10. Surprise, avec cette nouvelle manière de voter, ce serait… Jean-Luc Mélenchon qui remporterait l’élection présidentielle. Le leader de la France insoumise, donné en troisième ou quatrième position selon les sondages, obtient la meilleure note moyenne parmi les 11 candidats avec 4,98/10. Il devance assez largement Emmanuel Macron (4,55) et Marine Le Pen (4,03).
L’évaluation des candidats bouleverse la hiérarchie des sondages. Marine Le Pen, invariablement donnée au second tour depuis le lancement de la campagne présidentielle, se retrouverait éliminée dès le premier tour du scrutin. François Fillon (3,48) est lui rétrogradé en cinquième position, devancé par le vainqueur de la primaire socialiste Benoît Hamon (3,67), pourtant à la peine dans les études d’opinion. Seule caractéristique stable, les » petits candidats » obtiennent une moyenne plus faible que les autres, comprise entre 3,10 (Nicolas Dupont-Aignan) et 2,16 (Jacques Cheminade).
Mélenchon en tête
Si Jean-Luc Mélenchon arrive en première position, c’est d’abord grâce à la confiance de ses sympathisants. 14% des Français interrogés lui donnent une note comprise entre 9 et 10, c’est bien plus que pour la plupart des autres candidats. L’ancien sénateur socialiste bénéficie également d’un nombre de mauvaises notes (moins de 5) inférieur à celui de ses concurrents (35% contre 42% pour Macron). Il recueille enfin la plus forte proportion de notes égales ou supérieures à la moyenne (65%) devant Emmanuel Macron.
Pour Danielle Simonnet, porte-parole de la » France Insoumise « , l’adhésion plus forte des Français à Jean-Luc Mélenchon se justifie par la » position centrale » du député européen dans les débats. » Ce qu’il faut bien comprendre, c’est que Jean-Luc Mélenchon se place au centre, non pas de l’échiquier politique comme le Modem, mais des préoccupations de Français. Il veut défendre l’intérêt général, la croissance verte, quand un candidat comme Macron se bat pour la croissance, pour que les Français deviennent milliardaires. Ce n’est pas ça le bonheur. »
Douche froide pour Fillon
Douche froide en revanche pour François Fillon. Le candidat Les Républicains, empêtré dans les affaires judiciaires, est le grand perdant de ce mode de scrutin. L’ancien Premier ministre suscite un rejet extrêmement fort avec 61% de notes inférieures à 5. C’est plus que pour Marine Le Pen (53%). Le champion de la droite ne doit son salut qu’au soutien des plus de 65 ans, chez qui il recueille une moyenne de 4,64 sur 10. Il est à l’inverse fortement rejeté par la jeunesse, avec note moyenne de 2,97 chez les moins de 35 ans.
Une désaffection qui ne veut » rien dire » selon le député des Yvelines Jacques Myard. » Cette côte d’amour de 1 à 10, je n’y crois absolument pas. Prenez Simone Veil, dans les sondages elle était donnée à 90% d’opinions favorables, mais dans les urnes elle a fait 5%. La vérité c’est que l’on est dans une totale bouteille d’encre et qu’on ne sait rien de ce que sera le second tour « .
Le cas de Marine Le Pen est plus paradoxal. La candidate du Front national suscite à la fois la plus forte adhésion (15% de notes élevées contre 14% pour Mélenchon) et la plus forte proportion de notes insuffisantes au sein du quatuor de tête (55% contre 53% pour Benoît Hamon). Une impopularité qui montre bien le rejet toujours important des Français pour le Front national, et les limites de la stratégie de dédiabolisation engagée par la fille de Marine Le Pen.
Aucun des candidats n’est populaire
Si Jean-Luc Mélenchon tutoie la barre du 5 sur 10, aucun des 11 candidats n’obtient une note globale supérieure à la moyenne. La note moyenne des cinq premiers candidats est de 4,14 sur 10. Pire, la plupart des candidats recueillent une majorité de notes insuffisantes. Seuls Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron font figure d’exception avec respectivement 42 % et 35 % de notes insuffisantes (entre 0 et 4). Le signe d’un rejet très important des Français pour leur classe politique.