Interview d’Alexandre Malafaye réalisée par
Certaines réformes institutionnelles portées par la société civile, comme le vote blanc exprimé, témoignent d’un besoin de responsabiliser les élus politiques, en termes de résultats comme en matière d’exemplarité.
Président-fondateur de Synopia, un think tank spécialisé sur les enjeux de gouvernance, Alexandre Malafaye envisage des solutions citoyennes pour moderniser la pratique politique de la VeRépublique. Parmi elles, la prise en compte du vote blanc dans le résultat de l’élection pourrait responsabiliser les élus en incitant à l’exemplarité et à l’efficacité.
Quels sont les avantages de la comptabilisation du vote blanc avec un seuil d’invalidation de l’élection à 30 % ?
Notre système politique est à bout de souffle. La prise en compte du vote blanc dans les suffrages exprimés, avec un pouvoir invalidant, permettrait de respecter l’avis des Français sur leur offre politique. C’est une puissante incitation pour les responsables à l’exemplarité et à l’efficacité. S’ils présentent un mauvais bilan, un programme irréaliste ou un comportement douteux, ils sont sanctionnés. Un coup de pied dans la fourmilière, mais c’est la démocratie !
Pourquoi le vote blanc n’a-t-il jamais été mis en œuvre en France ?
Il n’existe dans quasiment aucune démocratie, sauf au Pérou, où un nombre important de votes non valides (blancs et nuls) conduit à annuler l’élection. En France, les « insiders » du système politique y ont peu intérêt : d’une part, cette sanction démocratique par excellence introduit une pression au résultat et, d’autre part, ceux qui vivent du système politique depuis des décennies redoutent d’être poussés dehors. Or le principe inscrit dans la Constitution est le « gouvernement du peuple, pour le peuple et par le peuple ». Nos élus, quels qu’ils soient, s’appuient aujourd’hui sur leur légitimité institutionnelle plus que sur l’adhésion populaire.
Le système électoral tel qu’il existe permet déjà de répondre au désir de « dégagisme ». Faut-il aller plus loin ?
C’est une question à laquelle la présidentielle de 2017 donnera peut-être des réponses. Benoît Hamon est un produit de l’appareil partisan, François Fillon a toujours vécu de la politique, Emmanuel Macron vient de l’énarchie… A supposer qu’il s’agisse de nouvelles têtes, il faut s’interroger : la dynamique de renouvellement est-elle une aspiration de la base ou est-elle mise en œuvre à tous les niveaux ?