Article publié par GABRIEL NEDELEC le 19 avril 2017.
La mesure séduit de nombreux Français mais seuls deux des principaux candidats à l’élection présidentielle se sont clairement prononcés en sa faveur.
Le vote blanc est une vieille antienne du système électoral français. Régulièrement, en période d’élection, la question de sa reconnaissance revient sur le devant de la scène. S’il est majoritaire lors d’une élection, celle-ci serait annulée et devrait être réorganisée ultérieurement. Par ailleurs, les candidats y figurant ne pourraient pas s’y représenter.
Alors que la défiance à l’égard des politiques est de plus en plus sensible et que les Français réclament un fort renouvellement des pratiques politiques , où en est-on ?
Qu’en pensent les Français ?
Les Français y sont globalement favorables. Selon une enquête réalisée par l’Ifop pour Synopia à la mi-mars, 86% des électeurs interrogés souhaitent que « le vote blanc soit considéré comme un suffrage exprimé et qu’il soit pris en compte lors du calcul du résultat des élections présidentielles (ce qui pourrait avoir comme effet d’empêcher les candidats d’obtenir la majorité absolue et donc d’invalider l’élection) ». C’est peu ou prou le même résultat qu’en 2014, selon une enquête réalisée à l’époque. À ceci près que la part de « très favorable » a beaucoup augmenté : 60% en 2017 contre 51% en 2014.
Une mesure plus populaire à gauche qu’à droite
Le vote blanc séduit particulièrement les électeurs de gauche (94% pour ceux qui pensent voter Jean-Luc Mélenchon le 23 avril, 92% pour les potentiels électeurs de Benoît Hamon) quand les Français de droite sont légèrement plus mitigés : 77% chez ceux dont l’intention de vote se porte vers François Fillon et 83% pour ceux qui choisiraient Marine Le Pen au premier tour de l’élection présidentielle.
Si le vote blanc était déjà reconnu, il pourrait bien changer la donne de l’élection à venir. En effet, si le choix leur en était donné, 40% des personnes interrogées préféreraient voter blanc plutôt que pour un candidat (55%). Les 5 % restant décidant tout de même de s’abstenir. Ce qui « laisse la porte ouverte à l’invalidation de l’élection », note les rédacteurs de l’enquête. Signe de l’aggravation du sentiment de défiance à l’égard des politiques, ils n’étaient que 26% à opter pour le vote blanc en 2012 si le choix leur en était donné.
« Vote colère »
Selon leurs intentions de vote au premier tour, les électeurs n’ont pas le même comportement. Ceux qui plébisciteraient Jean-Luc Mélenchon au premier tour seraient 44% à finalement opter pour le vote blanc (52% resteraient fidèles au candidat de la France insoumise) alors que seulement 21% des électeurs de François Fillon en feraient le choix (74% voteraient effectivement pour lui).
Une manière de noter en creux la fragilité d’un électorat ou encore la part du « vote colère ». Ainsi 35% des personnes qui choisiraient Marine Le Pen au premier tour voteraient blanc (58% lui donneraient leur voix) s’ils le pouvaient.
Qu’en disent les candidats ?
Plusieurs petits candidats y sont favorables. La mesure se trouve ainsi dans le programme de Nicolas Dupont-Aignan, Jean Lassalle ou encore François Asselineau. Nathalie Artaud et Jacques Cheminade se sont par ailleurs prononcés pour, à l’occasion de différentes interviews au cours de la campagne, sans que la mesure ne figure dans leur programme.
Parmi les gros candidats, seuls Jean-Luc Mélenchon y est totalement favorable. Le candidat de la France insoumise souhaite ainsi reconnaître le vote blanc et baisser la majorité civile à 16 ans. Le candidat estime que « le vote blanc n’est pas neutre, il donne un avis. Il dit que les candidats proposés ne conviennent pas ».
De son côté, Benoit Hamon souhaite soumettre cette mesure à référendum, s’il est élu. Selon lui, le vote blanc est « une démarche citoyenne de la part d’électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun programme ni aucun candidat », a-t-il affirmé sur BFMTV .
Les autres ne se sont pas prononcés sur la question. François Fillon et Emmanuel Macron font partie de cette catégorie, tout comme Philippe Poutou ou encore Marine Le Pen. Ces deux derniers proposent par ailleurs de passer à la proportionnelle et, pour Philippe Poutou, de mettre fin à la constitution de la Ve République en supprimant notamment la fonction de président de la République.