Présidentielle : à quand des débats télévisés avant le premier tour ?
Un collectif a saisi le CSA pour demander l’organisation de confrontations télévisées entre les candidats à l’élection présidentielle. « Marianne » publie la réponse du gendarme de l’audiovisuel, qui renvoie la balle aux chaînes de télévision et radio… qui cherchent elles-mêmes à convaincre les prétendants à l’Elysée !
Les Français seraient dégoûtés des politiques. Toujours est-il qu’ils aiment plus que jamais les voir s’entre-dévorer à la télévision ! Les débats des primaires ont confirmé cet engouement : 8,5 millions de téléspectateurs pour le débat de second tour de la primaire de la droite entre François Fillon et Alain Juppé, en novembre ; 5,5 millions de téléspectateurs pour celui qui a opposé Benoît Hamon et Manuel Valls à gauche, en janvier. Sans compter les scores d’audience très honorables des trois autres débats de chaque camp.
Et pourtant, alors que la campagne présidentielle est désormais véritablement engagée, aucune émission de la sorte n’est pour l’instant prévue avant… début mai, lorsque les deux qualifiés pour le second tour s’affronteront à la télévision. Si ce duel est une tradition depuis celui qui opposa Valéry Giscard d’Estaing à François Mitterrand, en 1974, les candidats ne sont pas tenus au même exercice avant le premier tour. Certes, les téléspectateurs auront tout le loisir de les voir répondre à des journalistes au cours de multiples émissions politiques. Mais à ce jour, aucun programme n’a jamais réuni sur un même plateau l’ensemble des prétendants à l’Elysée.
Institutionnaliser des débats télévisés
Cet hypothétique débat au sommet, c’est le combat du collectif « Trois débats sinon rien », qui a saisi début janvier le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) pour « revendiquer l’institutionnalisation de tels débats dans le processus électoral du prochain président de la République ». « En constatant l’engouement pour les débats télévisés des primaires, nous nous sommes aperçus que la télévision permettait aux Français de faire leur devoir d’électeurs, en votant en leur âme et conscience après avoir assisté à de vraies confrontations entre les candidats et leurs programmes », explique Jacky Isabello, de l’agence Coriolink. Ce communicant a lancé le collectif « Trois débats sinon rien » avec Alexandre Malafaye, président de Synopia, un think tank qui planche sur la modernisation des institutions. « Avec les primaires, on a vu deux demi-finales très populaires. Maintenant, il faut qu’on voie la finale ! », martèle-t-il. L’ambition du collectif n’est pas mince, puisqu’il réclame pas moins de six débats : trois avant le premier tour entre l’ensemble des candidats et trois autres dans l’entre-deux-tours.
Le président du CSA, Olivier Schrameck, a répondu au collectif le 26 janvier. Dans cette lettre que Marianne s’est procurée (voir ci-dessous), le gendarme de l’audiovisuel se dit « évidemment très favorable à l’organisation de débats en période électorale », mais souligne qu’il n’a « pas la compétence pour instituer un dispositif contraignant en la matière ». L’organisation des débats « relève exclusivement de la responsabilité des éditeurs des services de radio et télévision », écrit Olivier Schrameck, qui refile donc le bébé aux chaînes.
Le défi : convaincre les candidats
Il n’y a, de toute façon, pas besoin de les forcer : les télés rêvent d’un tel programme. Au vu des audiences enregistrées par des débats entre personnalités d’un même bord politique, la perspective d’un choc entre les prétendants à la présidentielle fait saliver les patrons de chaînes. France Télévisions est déjà sur les rangs et a même arrêté deux dates : le 23 mars et le 20 avril. « Les invitations ont été officiellement lancées aux candidats déclarés », nous indique le groupe. La direction de l’information de TF1 assure aussi qu’elle réfléchit depuis quelque temps à un tel débat. « On travaille à l’organisation d’une soirée qui opposerait pas plus de cinq présidentiables en direct et en première partie de soirée », expliquait récemment au Parisien la patronne de l’information de la Une, Catherine Nayl. Chez BFMTV, on préfère « ne pas prendre la parole sur ce thème pour l’instant »…
Si les responsables des chaînes marchent sur des œufs, c’est que le plus dur reste à faire : convaincre les politiques eux-mêmes. En réalité, ce sont très souvent eux qui rechignent à s’affronter sur les plateaux. Le collectif « Trois débats sinon rien » a adressé son appel à tous les candidats à la présidentielle. Pour l’instant, seul Nicolas Dupont-Aignan a fait part de son enthousiasme… Les Macron, Fillon, Le Pen, Hamon et autres Mélenchon auraient-ils peur de descendre dans l’arène ?
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