« Un référendum pour recréer du lien démocratique »
Article publié dans la rubrique « le coin des think tanks » du magazine l’Expansion de juin 2016.
Par Alexandre Malafaye
Qu’il le veuille ou non, le Président élu au soir du 7 mai 2017 n’aura qu’une légitimité technique, même s’il obtient plus de 30 millions de voix face au candidat du FN. Le Président sera dans la position du coucou suisse qui sort de sa pendule à la bonne heure sous l’effet d’une action mécanique programmée, mais ne contrôle rien. Notre horlogerie institutionnelle procède de même. Tous les cinq ans, elle déclenche le processus qui fait sortir le coucou élyséen des urnes. Et qu’on ne s’y trompe pas : l’élection présidentielle n’est pas le référendum sur des propositions de campagne. Son premier grand défi consistera à surpasser le niveau de défiance quasi absolu des Français vis-à-vis de la classe politique.
Deuxième grand défi : surmonter la paralysie des systèmes de gouvernance de notre pays. A l’origine, les dérives communautaristes et corporatistes qui ont dopé le génie clientéliste des partis politiques et des gouvernements depuis trente ans, le tout ayant eu pour effet de bunkeriser les Français en d’innombrables poches de résistance au changement, et en parallèle, de fabriquer ce que beaucoup considèrent être une « bourgeoisie d’État » qui, par confort, privilégie le statu quo.
Troisième grand défi : agir vite. Seul face au destin de la France, il disposera d’un temps très court – les fameux 100 jours – avant que les mâchoires de l’immobilisme ne se referment pour cinq ans. Si le prochain président n’est pas imprégné de la réalité et entend « gouverner autrement » en ne changeant rien, les 1 926 jours du quinquennat sont d’ores et déjà perdus.
Pour relever ces défis, il dispose d’un atout maître, la Constitution, qui lui permettra d’organiser un grand référendum en juin 2017. Avec l’objectif de faire adopter par les Français des réformes que le système rejetterait et dont les effets attendus se résument autour de trois principes : rendre l’action publique plus efficace, (dé)carriériser la classe politique et recréer du lien démocratique. Ce référendum devrait constituer l’un des grands engagements de sa campagne.
D’aucun prétendront qu’un tel pari est risqué. Le Président devra donc faire un choix déterminant : gouverner en associant les Français aux changements qu’il veut opérer. Ou bien, se faire piéger comme ses prédécesseurs et subir la conjoncture jusqu’en 2022, en faisant illusion.
C’est au prix de cette dynamique de rupture et d’un engagement résolu en faveur de l’intérêt général que le candidat élu (r)établira la légitimité et l’autorité du Président de la République.
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