Tribune libre par Xavier Marchal
Ainsi, avec plein d’argent et beaucoup de pression, des vaccins sont ou seront bientôt disponibles. Disponible signifie seulement qu’on a pu vérifier sur un échantillon suffisamment grand l’absence d’effets secondaires, et sans doute son efficacité pour quelques temps… Bref, le fait de commencer par vacciner le personnel médical et l’ensemble du personnel soignant constitue une étape supplémentaire du processus de validation de la formule, et c’est très bien ainsi si cela peut donner un peu confiance à un grand public abreuvé d’informations volontairement contradictoires, et donc toujours plus dubitatif.
Mais ensuite, il nous semble que la population de Français la plus prioritaire est celle des étudiants car c’est socialement la plus sinistrée. Un dernier semestre précédent haché par le premier confinement et ses suites, de courtes vacances d’été – synonymes de jobs de survie pour certains –, suivies d’un semestre « en black out » total, c’est quasi-inhumain.
La récente Académie Synopia qui s’est tenue le 26 novembre dernier à Lille, consacrée à la cohésion au travail en temps de crise, a été interpellée par le sort des étudiants. Il nous semble que la Nation leur doit réparation, au moins comme signe de reconnaissance. Mais surtout, une vaccination rapide signifierait pour eux un retour en fac ou école, avec la reprise du collectif qui est un des deux piliers de l’éducation à la vie professionnelle. Parions aussi sur l’effet d’entraînement positif sur nos congénères à vouloir se faire vacciner à leur tour. Un étudiant immune au virus signifie aussi un acteur de la part visible de la vie de la société, que ce soit pour la culture ou les loisirs, voir les cultes pour certains, et n’est-ce pas ce dont nous avons le plus besoin ?
Je n’oublie pas les « vieux » auxquels j’appartiens. D’abord, il y a celles et ceux qui sont accueillis en maisons de retraite : la vaccination prioritaire des soignants accroît de beaucoup leur sécurité. Ensuite, il y a les patriarches familiaux : ceux-là font très attention depuis longtemps et ils continueront quelques temps. Ils auront même la joie de recevoir la visite de leurs petits enfants étudiants désormais protégés ! Enfin, il y a ceux qui sont seuls ou presque et/ou isolés. Alors, lançons à l’occasion de leur vaccination cet appel à tous les étudiants : que chacun(e) s’engage à visiter au moins une fois une personne âgée dans le besoin sur indication des associations qui les suivent.
Enfin, vaccinons en même temps que leur contemporains tous les jeunes sans emploi, en stage ou en probation : il ont bien le droit de bénéficier de cette assurance à court terme.
Ne s’agit-il pas là d’un beau projet pour commencer 2021 et prendre une revanche sur ce que nous avons subi cette année ? Xavier MarchalMembre de Synopia