Afin de financer la croissance durable la Commission européenne cherche à définir un outil de classification dénommé taxonomie permettant aux acteurs financiers d’orienter leurs investissements vers des activités économiques respectueuses de l’environnement.
Pourquoi le consensus nécessaire entre les pays de l’UE est-il si difficile à atteindre ?
L’Europe aura besoin à la fois du nucléaire et du gaz pour accompagner la transition énergétique jusqu’à l’objectif zéro émission nette de CO2 en 2050. Les pays comme l’Allemagne et l’Italie qui ont renoncé au nucléaire ont fait confiance au gaz naturel pour satisfaire leurs besoins énergétiques. D’autres comme la France et le Royaume-Uni ont persisté à penser que le nucléaire était la bonne énergie pour limiter les émissions contribuant au réchauffement climatique. Aucune prévision sérieuse ne permet d’imaginer aujourd’hui que l’on puisse se passer des deux. Qu’est ce qui rend alors si difficile l’obtention d’un accord qui satisferait deux positions qui n’ont rien d’inconciliables.
Tous les spécialistes s’accordent à reconnaître qu’à l’échelle de l’Europe on aura besoin à la fois du nucléaire et du gaz naturel pour accompagner le développement des énergies renouvelables. Aucun scénario réaliste ne permettrait de se passer de ces deux sources d’énergie au moins jusqu’en 2050 et probablement au-delà sauf dans les scénarios peu crédibles de décroissance les plus drastiques. Pourquoi est-il donc si compliqué d’aboutir à un accord permettant de faciliter les investissements nécessaires pour maintenir la satisfaction des besoins énergétiques dans le respect des objectifs environnementaux. On peut imaginer le lobby intensif des partis politiques et des ONG ; entre ceux hostiles au nucléaire, ceux hostiles aux énergies fossiles, ceux qui espèrent que l’absence d’un accord permettra de poursuivre la consommation du charbon, et ceux qui pour des raisons de géopolitique essaient de s’opposer aux approvisionnements gaziers en provenance de Russie, il faut savoir raison garder et choisir avec lucidité les solutions raisonnables.
Quels que soient finalement les choix de l’Union européenne, le reste du monde, des États-Unis à la Chine en passant par l’Inde, a déjà choisi de faire appel à la fois au nucléaire et au gaz naturel pour faire face au défi climatique des prochaines années.
Le pire n’étant jamais certain, caressons l’espoir que la raison finira par l’emporter.
Jérôme Ferrier
Membre de Synopia