« Jean-Luc Mélenchon ? Fracas et fatras ! », chronique par Alexandre Malafaye

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En matière de débats politiques, la semaine qui vient de s’écouler le confirme : à l’irresponsable bêtise des uns répond la folie démagogique des autres.

Premier exemple. Dans un débat télévisé, afin de soutenir son propos venimeux à l’égard d’Emmanuel Macron en Afrique, un second couteau socialiste a cru intelligent de souligner que des gens avaient jeté des cailloux sur son convoi. Des gens… des cailloux… Un incident de quelques secondes… Quel argument ! Ainsi, en Afrique, il subsisterait des personnes qui n’aiment ni la France, ni l’Occident, ni l’histoire coloniale, ni les Blancs. Mais à quoi bon remuer encore et toujours le couteau dans la plaie de notre passé. D’autant que, même si nous peinons à le regarder en face, il serait judicieux de ne pas balancer à chaque fois le bébé et l’eau du bain lorsque nous l’invoquons. Car à quoi bon cultiver ces confusions historiques culpabilisantes qui ne font qu’entretenir ce sentiment interne de détestation de la France ? Une partie de notre population est sensible à ces arguments, qui la maintiennent dans un état de rejet de notre pays, de ses valeurs et de ses représentants.

Les hommes et les femmes politiques qui, par paresse ou par manque d’inspiration, abusent des raccourcis, des amalgames, du clientélisme et de cette pensée à courte vue, feraient bien de réaliser que leur propos ne servent qu’à encourager ceux qui préfèrent creuser des trous dans la coque du navire France plutôt que de participer à son aventure collective. Hélas ! à force de creuser, comme ils sont nombreux et encouragés à le faire, et que l’océan du XXI° siècle nous promet de sévères tempêtes, ils pourraient bien finir par tous nous entraîner vers le fond. Les 67 millions de Français que nous sommes ne méritent pas un tel destin !

Les propos de café du commerce sont une chose. Le débat public en est une autre, et pour y participer, un minimum de sens des responsabilités s’impose. C’est en tout cas la posture que devraient adopter celles et ceux qui se veulent se situer dans le champ du politiquement responsable. Car de l’autre côté de la frontière, très à droite, et très à gauche, de dangereux démagogues profitent de toutes les faiblesses de la France, et de l’état de droit couplé au système démocratique pour galvaniser leurs troupes, infiltrer l’appareil de gouvernance et renforcer leurs positions.

Deuxième exemple. Jean-Luc Mélenchon dans l’Émission politique de France 2. Il se présente comme « opposant et proposant » mais en réalité, il n’est que fracas et fatras. Sa bouillie programmatique, sa haine clairement exprimée et dirigée, et sa rhétorique esquivante devraient faire davantage que nous alerter. Des gens comme lui sont prêts à tout pour parvenir à leurs fins. Le simple fait qu’il ne désavoue pas Mme Obono en dit long sur les calculs politiques qu’il fait. Le petit calcul, c’est celui de l’avenir de son groupe de 17 parlementaires à l’Assemblée nationale. Avec un seuil fixé à 15 pour le constituer, M. Mélenchon sait qu’il doit composer. Mais cela lui convient parfaitement, car son grand calcul est électoral. Derrière Mme Obono, qui se reconnaissent dans ses outrances antirépublicaines, se trouvent des dizaines de milliers de Français. Autant d’électeurs qui peuvent aussi descendre dans la rue. Pour celui qui assoit son projet sur la promesse du chaos, une telle ressource n’a pas de prix.

La façon de M. Mélenchon d’exploiter la misère, la détresse, l’injustice ou encore la souffrance, qu’elles soient réelles ou ressenties, compte parmi les plus misérables, et les plus cyniques. Rien de bon n’en sortira jamais et en prime, cette méthode décuple la rancœur de nos concitoyens et mobilise leur énergie au service d’un projet dont la concrétisation ferait sortir la France de l’Histoire.

L’abolition des privilèges n’a jamais duré qu’une nuit. M. Mélenchon le sait mieux que beaucoup, ce qui le rend incapable – et l’hystérise quand on l’interroge – de présenter un exemple de réussite portée par un idéal révolutionnaire. De Staline à Castro et de Mao à Maduro, le bilan n’est guère réjouissant.

Bien sûr, on nous opposera que le modèle libéral et capitaliste ne peut lui non plus se pâmer des plus beaux atours de la vertu sociale, ou écologique. Ce n’est pas faux. Mais bilan contre bilan, la comparaison mériterait cependant d’être menée à terme, car derrière ce modèle, ce sont des états de droit qui prospèrent, au sein desquels les citoyens naissent et vivent libres et égaux en droits, sans crainte qu’une opinion ne les envoie dans une geôle, un camp de rééducation, ou au bout d’une corde. Certes, le colonialisme a existé, nous polluons trop, les inégalités hommes homme / femme persistent, la condition de pauvreté est privative de liberté, et les chances de réussite ne sont pas les mêmes selon que vous ayez eu un chauffeur ou des baskets trouées pour vous rendre à l’école, mais de grâce, cessons de tout mettre sur le même plan.

Ceux qui, à l’instar de M. Mélenchon, « détestent cette société » et « haïssent ses valeurs », mais sont vraiment sincères, feraient bien de regarder ailleurs, avec d’autres préjugés que ceux véhiculés par la gauche gauchisante – ou la droite du même type. Et si par cas ils trouvent des pays dans lesquels le syndicat SUD local propose aux enseignants un « Atelier en non-mixité » pour traiter du « racisme d’État dans la société et en particulier dans l’Education », qu’ils soient aimables de nous en informer.

Notre système démocratique est décidemment bien tolérant à l’égard de ceux qui le détruisent de l’intérieur. Nous sommes peut-être en marche, mais alors sur la tête ! Tout cela n’est pas raisonnable. Car viendra le moment où chacun sera heureux de choisir son camp, c’est-à-dire celui de l’Europe. Très imparfait et toujours très inégalitaire, ce continent reste le nôtre et il va devoir se confronter aux forces montantes, par exemple celles qui viennent d’Asie, qui ne partagent pas les mêmes valeurs, ni le même mode de vie, et qui ne nous feront aucun cadeau. A quel titre nous en feraient-ils d’ailleurs ? Après des siècles vassalisés, le carillon de leur domination sonne. Et ne comptons plus sur les Américains pour faire rempart.

Bruno Le Maire, depuis Shanghai, vient de déclarer : « Dans tous les secteurs, la Chine avance à une vitesse stupéfiante. » A n’en pas douter, ce qu’a vu notre Ministre de l’économie n’est que la partie visible de l’iceberg chinois. La loi du nombre alliée à une pratique plutôt modérée de l’éthique font que la puissance et la créativité sont maintenant de leur côté.

Voilà pourquoi nous devons cesser de nous affaiblir collectivement. Sans quoi, même s’ils n’y sont pas prêts (dixit F. Ruffin), les Insoumis pourraient bien gouverner. Avec un peu de chance, lors de son déjeuner à l’Élysée, Barack Obama aura donné quelques précieux conseils à Emmanuel Macron pour qu’il ne soit pas lui aussi remplacé par un populiste. Qui sait, s’il suit la voie de son modèle américain, notre Président renoncera peut-être aux selfies…

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