L’année en cours approche de son terme comme elle l’a commencé et notre nation, déjà éprouvée, est cruellement affligée. Nous sommes tristes et notre peine est profonde. La bête immonde, comme à son accoutumée, prend pour cibles des êtres innocents. Notre première pensée va dans le recueillement à la mémoire des victimes. Et toute notre compassion est assurée à ceux qui luttent pour la vie dans les différents hôpitaux.
Encore une fois, l’abomination a frappé au cœur de Paris.
Paris est endeuillé, Paris est blessé, Paris est assombri, mais Paris reste digne. Paris est la capitale illuminée d’une France unie.
Beaucoup de proclamations sont écrites et proférées. Que faut-il dire qui ne soit déjà exprimé ? Les communiqués abondent et se succèdent les uns aux autres. Il ne s’agit pas d’en rajouter. Mais, il faut simplement, s’assurer par cet écrit d’une chose et la clamer haut et fort : Face à la terreur, nous ne devons jamais abdiquer. C’est une déclaration de résistance et d’insoumission que nous opposons aux terroristes assassins.
Ces attaques vont à l’encontre de toute éthique universelle et heurtent la conscience humaine. Elles s’inscrivent dans une démarche criminelle de propagation de l’horreur, de la diffusion de la haine et de la peur parmi nous. Le dessein des terroristes et de leurs commanditaires, qui se drapent derrière le masque hideux du fanatisme, est de vouloir fracturer l’unité nationale et de faire voler en éclats le pacte républicain. Ils n’y parviendront pas.
La récurrence de ces attaques n’atteindra jamais notre détermination à œuvrer inlassablement pour le triomphe des idéaux de liberté, de concorde et de fraternité. En même temps, notre résolution est intacte à lutter toujours afin de mettre à mal l’incarnation du mal que nous nommons. En l’occurrence, c’est une idéologie mortifère ayant avili la religion islamique et perverti la révélation coranique. Nous ne le savons que trop bien.
La responsabilité des hiérarques religieux musulmans qui, par pusillanimité ou par lâcheté, ont laissé depuis des années, les sermonnaires doctrinaires tenir leur discours fielleux et manipulateurs est plus qu’engagée. Ces derniers sont comptables et coupables des crimes perpétrés au nom de Dieu. Tous ces prêcheurs de haine qui avaient cru bon d’exploiter la rancœur ; de justifier les attentats-suicides, de les bénir en les qualifiant d’opérations-martyres doivent répondre de cette distorsion et de leur forfaiture devant la justice des hommes en attendant de comparaître devant celle du Ciel. Et, ceux qui ont laissé faire, tétanisés qu’ils sont, ont leur part de responsabilité, ils sont de fait complices par l’inaction et le silence.
Pour l’heure, gageons qu’en France, toutes les franges de la nation puissent rester unies et ne tombent pas dans le piège de la division tendu par les terroristes. La solidarité dans l’union, la capacité de résilience dans l’alliance et la pulsion de vie magnifiée dans la concorde sont les meilleures réponses à cette vague d’attentats. Telle une déferlante incontrôlable, elle veut semer la désolation et le chaos dans tout le pays. Mais, no pasaràn !
Après le temps de la sidération et de l’affliction, celui des analyses justes doit venir éveiller les consciences afin que les sentiments passionnés ne viennent pas se fracasser contre la violence d’une histoire écrite à vif au quotidien. Loin des exploitations éhontées, ce temps ouvrira l’ère promise de la stabilité, de la justice et de la paix.
Du côté islamique, outre les réactions de circonstance, ce sont des manifestations massives qui sont attendues en France et partout de par le monde. Trop ! C’est trop ! Nous ne pouvons pas nous taire.
A titre personnel, je me suis égosillé à le faire savoir depuis longtemps. Alors, maintenant plus que jamais, une refondation de la pensée théologique combinée à une saine éducation fondée sur l’amour et la bonté, s’impose. Nous devons l’entreprendre sans plus tarder. Elle permettra assurément d’immuniser les jeunes générations des germes du fanatisme. Elle devra les prémunir du danger du radicalisme et des méfaits de l’extrémisme. Il est temps d’en finir avec les lectures rétrogrades et attentatoires à la dignité humaine d’un corpus éculé et dépassé. Aussi, pourrons-nous renouer avec l’humanisme dans une quête solidaire du sens de l’avenir. Un avenir de paix et de fraternité pour tous les hommes. Un avenir pour un monde meilleur. C’est l’idée que nous nous faisons du progrès et de la civilisation.
Ghaleb BENCHEIKH, le samedi 14 novembre 2015