Tactiquement, c’est bien joué. Le ministère de l’éducation nationale de décide la mise en œuvre d’une vieille réforme de l’orthographe, au moment ou la France d’en haut se déchaîne sur la déchéance de nationalité et sature le PAF. Avec cette réforme, tout un chapelet de mots dont la double orthographe va devoir cohabiter pendant des décennies (en attendant la mort des pratiquants les plus anciens…), la suppression des accents circonflexes (qui permettaient pourtant de retracer un peu l’histoire des mots, pour leur donner un sens plus complet. Exemple : hôpital / hospitalier), la mise au rebut des traits d’union, etc.
A titre personnel, je suis d’accord pour abandonner un peu de notre passé si cela permet d’avoir un meilleur futur.
Mais là, après réflexion, je ne vois pas.
Cette réforme, que personne n’a jamais voulu appliquer, s’attaque aux particularismes de la langue française, à sa singularité, alors que notre système éducatif peine à enseigner les fondamentaux, et que nos jeunes, pour un trop grand nombre, arrivent à l’âge de dix-huit ans sans disposer de tous les atouts pour réussir. Maîtrise partielle de l’orthographe, de la grammaire, de la syntaxe, du calcul, et nombre de mots de vocabulaire connus insuffisant. L’égalité commence par là. Rien n’est plus frustrant que de ne pas trouver les mots pour de dire. Et parfois, rien n’est plus dangereux. Il aurait été plus judicieux d’expliquer ce qu’était un nénuphar que de lui ôter (oter) son « ph », ou de remettre en perspective les mots hospitalier et hospitalité avec la mission de l’hôpital.
La France a besoin d’un phare (fare ?), mais ses responsables politiques se contentent d’user de fard (avec un « d ») pour masquer la misère des insuffisances d’un système à bout de souffle (que l’on peut encore écrire avec deux « f », mais pour combien de temps ?).
Alors, en vertu de quelle exigence mettre en œuvre cette réforme maintenant, et à quoi va-t-elle vraiment servir ? J’aimerais bien le savoir. J’aimerais comprendre le sens de cette décision, et surtout, je me demande s’il n’y avait pas d’autres priorités pour l’éducation nationale.
Alexandre MALAFAYE
Alexandre MALAFAYE