Repris par le Figaro dans son édition du 5 novembre 2014, voilà les deux principaux enseignements du sondage IFOP pour Synopia :
– 85 % des Français interrogés souhaitent que le vote blanc soit considéré comme un suffrage exprimé et puisse empêcher l’élection d’un candidat, faute de majorité absolue.
– 26 % des Français voteraient blanc au premier tour de l’élection présidentielle si le vote blanc était exprimé.
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Le vote blanc, premier parti de France !
Aujourd’hui, même s’il a le choix entre Pierre, Paul ou Jacques, le citoyen n’a pas la possibilité de rejeter l’offre politique dans son ensemble. Ce serait pourtant légitime. Si aucune voiture ne vous plaît, et si aucun vendeur ne vous convainc, vous pouvez tout de même vous déplacer et faire le choix de marcher, ou de prendre le bus. Ce n’est pas le cas en politique. Le vote blanc ne sert à rien, les millions d’abstentionnistes sont pointés du doigt et les bonimenteurs prospèrent.
Première conséquence de ce choix fermé, la plupart de nos représentants sont élus par dépit, ou par rejet d’un autre. Dans les faits, le mode de scrutin actuel garantit presque exclusivement l’élection des candidats issus des partis traditionnels et entretient ces clientélismes qui ruinent la France et épuisent les Français en débats stériles. La frustration qui naît de cette privation de droit se traduit par une explosion des scores des partis dits populistes. Et si rien ne change, si rien ne permet au peuple de France de s’exprimer pleinement lors des élections, le risque ne sera pas de voir Marine Le Pen au deuxième tour, mais de la voir s’installer à l’Élysée. Or, en l’état du délitement de notre vie politique et face au résultat plutôt désastreux de la gestion de la France par la droite et la gauche depuis deux générations, il est à craindre qu’aucun parti, ni aucun candidat ne trouvera de parade à l’inexorable ascension de la fille de Jean-Marie Le Pen. Une fois de plus, le déni de réalité ne changera rien.
Le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple impose d’aller au bout de la logique démocratique. Face au pouvoir absolu concédé à l’autorité politique, il faut un contrepoids, un vrai, qui permette aux Français de dire non, sans avoir à choisir entre la peste et le choléra. Une solution existe. Le vote blanc, à condition qu’il soit considéré comme un suffrage exprimé et puisse empêcher l’élection d’un candidat, faute de majorité absolue. Selon le sondage commandé à l’IFOP par Synopia, 85 % des Français le souhaitent. Et si le vote blanc était vraiment pris en compte, 26 % de nos compatriotes voteraient blanc au premier tour de l’élection présidentielle. Ce qui ferait du vote blanc le premier parti de France (un score à rapprocher des 1,9 % de votes blancs comptabilisés en 2012). Dès lors, le principe même de constitution de majorité absolue, le cœur de la légitimité électorale, vole en éclat. Ce chiffre de 26 % devrait donner à réfléchir à nos dirigeants politiques car si l’on additionne aux votes blanc les intentions de vote en faveur du FN et du Parti de gauche, ce sont plus de 50 % des Français qui se détournent de la droite, du centre et de la gauche. Impossible de gouverner ni même de réformer la France dans de telles conditions. Il suffit de regarder notre pays pour s’en convaincre.
Pris en compte dans l’équation d’une élection au scrutin majoritaire, le vote blanc donnerait au citoyen le pouvoir de rejeter civiquement l’ensemble des programmes et des candidats s’ils ne lui conviennent pas. Cette mesure revitaliserait notre démocratie et permettrait d’en finir avec ces petits scrutins entre amis qui imposent un choix prédéterminé et donc un verdict jusque là sans surprise. Elle obligerait les partis à s’adresser aux Français et non à un seul camp. « Peuple de droite, peuple de gauche… » Ça suffit ! Il est temps de s’adresser au peuple de France.
Elle les forcerait à devenir réalistes, experts, comptables, visionnaires. Elle limiterait le recours à ces promesses de campagne qui sont faites pour ne pas être tenues et attisent les désillusions. Elle ferait sauter des lignes de fracture (droite/gauche, riche/pauvre, public/privé, etc.) et permettrait de constituer de vraies majorités capables d’entraîner la France et les Français. Elle ne nécessite aucune modification de la Constitution.
Les opposants à cette idée rétorquent qu’elle rendrait très difficile la formation de majorités. L’argument à lui seul suffit à tuer le système actuel ! Il revient à dire que si les Français pouvaient voter librement, ils seraient incapables de s’entendre sur un nom ou un parti pour gouverner, l’offre politique étant de si piètre qualité. Et il confirme que le jeu politique actuel pervertit la nature même de la démocratie et entrave le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple.
Les débuts seront difficiles. Tant mieux ! Il est temps que les partis et les hommes politique s’adaptent au droit des Français, celui d’être enfin bien gouvernés.
Alexandre Malafaye, président de Synopia