Avec Mascaret, notre partenaire, face à la crise politique majeure que nous traversons et qui se traduit par une amplification des fractures et de la défiance, nous avons cherché à comprendre certains ressorts de ces tendances, et en particulier ceux liés au changement et ses multiples déclinaisons et impacts.
En effet, s’il existe de nombreux sondages ou baromètres sur la confiance ou sur l’intention de s’engager pour contribuer à « rendre le monde meilleur » en raison du changement climatique, rien ne mesurait vraiment le rapport personnel de chacun avec le changement
C’est ce que nous avons voulu faire avec ce sondage, au travers notamment d’une quarantaine d’indicateurs sur le logement, la santé, l’alimentation, les transports, le travail, l’éducation, les rapports avec l’administration, le pouvoir d’achat, les loisirs, le civisme, etc.
Les résultats sont sans appel : le changement ne va pas dans le bon sens et la situation personnelle de nos concitoyens se dégrade : 80 % de ces indicateurs fait clairement ressortir un sentiment de dégradation.
Voici les principaux enseignements de cette analyse.
1. Une large majorité subit le changement
Dans leur immense majorité, 84 % des Français disent « subir » le changement contre seulement 15 % qui s’en enthousiasment. La question du sens et de la conduite du changement apparaît comme essentielle pour inverser cette tendance.
2. Un impact perçu comme négatif
Plus grave encore, 55 % des Français estiment que les changements de notre société ont un impact négatif sur leur vie, contre seulement 9 % qui considèrent cet impact globalement positif. Ce constat souligne un profond malaise face à l’évolution dans son ensemble.
3. Des exemples concrets de frustrations
Quelques données illustrent cette perception :
- 78 % des Français pensent que leur pouvoir d’achat s’est dégradé au cours des 10 dernières années.
- Ils sont 74 % à s’opposer à la fin du moteur thermique en 2035.
- Une majorité reste hostile aux zones à faibles émissions (ZFE), perçues comme une contrainte supplémentaire.
4. Les causes des résistances au changement
Les Français identifient plusieurs raisons expliquant la résistance au changement dans la société :
- Le manque de confiance envers les gouvernants (58 %).
- Le corporatisme (51 %), perçu comme un frein à une adaptation collective et concertée.
5. Un jugement très sévère envers les gouvernants
La perception des Français à l’égard de leurs dirigeants est particulièrement négative :
- 83 % pensent que leurs gouvernants ne les protègent pas.
- 84 % considèrent qu’ils ne les respectent pas.
- 90 % estiment qu’ils ne les écoutent pas.
6. Un sentiment d’abandon collectif
Au-delà des griefs individuels, les Français pensent que leurs dirigeants ne remplissent pas des missions essentielles :
- 86 % considèrent qu’ils n’agissent pas pour maintenir l’unité de la Nation.
- 90 % jugent qu’ils ne les associent pas aux décisions qui les concernent directement.
- 91 % regrettent l’absence d’un projet de société clair et mobilisateur.
7. Les attentes des Français envers leurs gouvernants
Lorsqu’on invite les Français à exprimer leurs attentes vis-à-vis de leurs dirigeants, ils adoptent une posture comparable à celle d’actionnaires jugés sur des résultats concrets. Voici les indicateurs qu’ils considèrent comme prioritaires :
- Le pouvoir d’achat (46 %).
- La maîtrise des dépenses publiques (35 %).
- La sécurité au quotidien (28 %).
- L’emploi (25 %).
Ici, le respect de l’environnement n’enregistre que 18 %.
8. Tout n’est cependant pas perdu
Les Français refusent de choisir entre la « fin du mois » et la « fin du monde ». Ils sont 48 % à demander à nos gouvernants de préserver à la fois leur pouvoir d’achat et d’agir pour la préservation de l’environnement.
Quant au changement en tant que tel, il ne « fait peur » qu’à 23 % de nos compatriotes. Enfin, si la société reste résistante au changement (56 %), ce score montre que les transformations demeurent possibles.
Conclusion : Une fracture à réparer et un enjeu de méthode
Ces résultats confirment la fracture entre les Français et leurs gouvernants, alimentée par un sentiment de désillusion et une perte de confiance. Pour regagner l’adhésion de leurs concitoyens, les dirigeants devront sans tarder changer de méthode et de « logiciels », prendre vraiment en compte nos concitoyens et leur réalité vécue et apprendre à piloter le changement.