Quand la crise sanitaire sera terminée les questions et défis seront innombrables et il faudra éviter un écueil : continuer comme avant.
En 2008 la crise était financière, avec des conséquences économiques et sociales mais fondamentalement les changements n’ont pas eu lieu malgré notamment les engagements des gouvernements dans les G7 ou G20.
Aujourd’hui, la crise aura des répercussions économiques, monétaires, financières, sociales, environnementales et psychologiques.
Dans l’urgence États et banques centrales arrosent comme des canadairs (formule de Nicolas Dufourcq) pour limiter les impacts économiques et sociaux. Demain les banques centrales devront continuer à financer les dettes publiques pour que les États puissent assurer la solvabilité économique et sociale et un tabou devra sauter : l’interdiction de l’annulation de dettes.
Ce n’est là qu’un des défis de l’après car il faudra également se repositionner sur le rôle et l’investissement dans les services publics, s’attaquer à la finance de l’ombre, reréguler au niveau international, modifier les règles européennes si l’on veut préserver et développer cet espace.
Il faudra également revoir le contrat social avec trois conditions : confiance, respect et co-construction en rééquilibrant le couple économique/social.
Cela vaut à tous les niveaux géographiques et au sein des entreprises qui devront sérieusement se préoccuper de leur mission ou raison d’être, passer en la matière du gadget à l’outil ou du marketing à l’action. Certaines le font déjà, mais elles sont encore peu nombreuses. Il doit en être de même pour les États. Ce nouveau contrat social d’après crise doit être comme un équivalent du CNR après la guerre.
Je suis convaincu que la demande sociale des populations sera forte et que les règles économiques devront changer.
Pour différentes raisons, cette crise sanitaire montre que tout n’est pas maîtrisable, ce qui est une évidence oubliée. Toute crise étant autant un danger qu’une opportunité, il n’y a pas de temps à perdre.
Avant la crise, nous étions déjà dans une période de transition entre, pour simplifier, Milton Friedman et JM. Keynes. Cette crise doit accélérer la transition en mettant notamment en avant ce qu’à Synopia nous appelons le partage des valeurs à tous les niveaux.
Ces défis ne doivent pas être masqués ils doivent être préparés et affrontés.
Jean-Claude Mailly,
Administrateur de Synopia
Ancien Secrétaire général de Force Ouvrière